Précoces et hauts potentiels

Le mot « précoce » est caché dans le nom d’un fruit : l’abricot. Les Romains le nommaient « praecoquum », (précoce), car ce fruit mûrissait avant les autres. Il a son identité propre mais ne peut être déclaré meilleur ou moins bon qu’un autre. Il en va de même pour l’élève précoce ou haut potentiel.

Les appellations comme « précoce » ou « haut potentiel » s’avèrent utiles. En effet, en faisant référence à des jeunes qui souvent ne se sentent pas en phase avec la majorité des enfants ou adolescents de leur âge et n’accrochent pas avec les modes d’apprentissage scolaires classiques, elles recouvrent une réalité. Elles peuvent contribuer à leur redonner confiance après avoir été longtemps désorientés, en leur faisant réaliser qu’il y a en eux une richesse à exploiter et en les orientant vers des dispositifs adaptés.

Ceci étant, ces appellations ne doivent pas être perçues comme des étiquettes. L’élève concerné ne doit pas voir le fait qu’il est considéré « précoce » ou à « haut potentiel » comme un fondement de son identité, mais plutôt comme une caractéristique donnée à un moment donné. Chaque enfant, chaque adolescent, voire chaque jeune adulte, quel que soit son profil, vit en permanence des évolutions concernant son rapport au monde, sa capacité à comprendre, à formuler, à interagir. L’important n’est pas d’appartenir à une catégorie ou à une autre, mais bien de trouver un cadre permettant de parvenir à développer et enrichir ses compétences pour s’épanouir et apporter au monde des choses qui fassent sens.

Maurice Blanchot incite à la vigilance lorsqu’il écrit : « Nommer est cette violence qui écarte ce qui est nommé pour l’avoir sous la forme commode d’un nom«